Nouveaux sacs bleus en province de Namur… une bonne mesure pour l’environnement ?

Intervention de Mmes les conseillères communales, Carolina Quintero-Pacanchiqué et Christine Halut en séance du Conseil communal du 15 octobre 2019

Les nouveaux sacs bleus PMC ont débarqué à Namur ce premier octobre 2019. Presque tous les déchets ménagers en plastique y sont désormais les bienvenus. Le BEP environnement attend de cette mesure une réduction des déchets résiduels de quelque 8 kg par personne et par année et compte sur le levier financier constitué par le prix avantageux du sac bleu pour atteindre son objectif.

Plus de plastiques recyclés, des économies substantielles pour chaque citoyen et citoyenne… la mesure a tout pour plaire. Mais est-ce réellement un plus pour l’environnement ? Est-ce un message porteur donné au consommateur ?

Le message « écologique » qui accompagne la mise en place de cette mesure, largement porté par le BEP lui-même comme par les villes, les communes et les médias, est-il en cohérence avec les campagnes de la Ville à propos de sa politique du zéro déchet?

Nous savons que les plastiques ne seront pas tous recyclés dans l’immédiat. Seuls 40% le sont aujourd’hui et ils atteindront 65% à peine à l’horizon 2025. Sans compter que le plastique recyclé ne le sera la plupart du temps qu’une seule fois. Il terminera donc quoi qu’il arrive dans la nature. Avec des conséquences que l’on ne peut plus ignorer.
Quant aux plastiques non recyclés, il seront incinérés et transformés en énergie, au prix d’importants rejets de métaux lourds et de CO2, nocifs pour la santé comme pour la biodiversité.

De plus, la production et le recyclage ont un coût. Ils mobilisent des budgets qui ne sont dès lors plus disponibles pour être investis dans les dispositifs à même de stimuler un changement des mentalités et des habitudes de consommation qui en découlent. Nous savons que le coût de la gestion des déchets est, au bout du compte, payé par les Namurois puisque la région wallonne impose aux communes de leur refacturer le coût réel de traitement de ceux-ci via la taxe poubelle communale.

Le recyclage du plastique doit être considéré comme un moindre mal. Pas comme une solution en soi. Doit-on rappeler que « le meilleur déchet reste celui qui n’existe pas » ?

Nous comprenons que cela participe à la politique intermédiaire qui vise à réduire les déchets de la poubelle jaune, déchets qui vont à l’incinérateur, et à réduire les déchets qui sont abandonnés dans la nature. Cette étape doit rentrer dans une dynamique globale de politique des déchets. Il faut continuer à interpeller les différents lieux où les décisions sont prises.
Il est important que la commune se fasse ambassadrice vis-à-vis des différents niveaux de pouvoirs dans leur compétence respectives en la matière.

Oui il reste que les déchets plastiques alimentaires et films en plastique qui peuvent être collectés c’est un pas en avant dans cette étape intermédiaire que doit viser le zéro déchet.
Il nous apparaît dès lors primordial de ne pas envoyer vers les citoyens et citoyennes des messages qui pourraient être perçus comme contradictoires : – d’une part le recyclage comme solution à la surconsommation de plastiques, – d’autre part le « zéro déchet » tourné vers l’abandon progressif des emballages plastiques.

Oui au recyclage, évidemment ! Non, en revanche à une sur-communication et à une désinformation à son propos. Plus que de transférer les déchets ménagers d’un sac à un autre, de l’incinérateur au centre de recyclage, c’est construire ensemble un mode de consommation raisonné qui s’inscrit dans une logique de développement durable et éco-responsable.

Pour le bien de notre environnement et du portefeuille des Namurois, nous suggérons à la Ville :
– D’intensifier ses actions visant à réduire la quantité de déchet (notamment en étudiant la
possibilité de passer à un système de collecte au poids).
– De conserver une ligne de communication claire en promouvant intensivement cette
politique de réduction des déchets.

Merci pour votre écoute.

Christine Halut & Carolina Quintero P.