A propos de la présentation du Plan Stratégique Transversal (PST)

Intervention d’Anne Hubinon, cheffe de groupe Ecolo, lors de la séance du Conseil communal du 3 septembre 2019

Madame la Présidente, Monsieur le Bourgmestre,

Mesdames, Messieurs les Echevins,

Chers collègues,

Avant toute chose, je souhaiterais saluer la qualité du document qui nous est présenté aujourd’hui. Son volume est à l’image de son ambition pour notre Ville et ses habitants. Derrière ce travail, on perçoit assez clairement le travail de dizaines de personnes, de l’administration et ses services, des cabinets et du Collège. Que chacun se sente ici remercié.

Il faut, en effet, rendre hommage à ce document et à tout type de document dont les qualités sont stratégiques et transversales. C’est ça qui fait vivre la cité même si, en politique, on retient davantage, et c’est bien dommage, la dernière polémique en date.

J’insiste aussi sur la transparence de la stratégie du Collège et de l’Administration qui expose les objectifs, les moyens à mettre en œuvre, mais aussi les difficultés prévisibles. C’est un véritable exercice de transparence et de vérité. On avance non pas parce qu’on promet d’avancer mais parce qu’on est volontaire et qu’on s’en donne les moyens.

Comme expliqué en introduction, il s’agit de la traduction en actions d’une partie des objectifs transversaux et stratégiques de la déclaration de politique communale sur laquelle nous nous sommes prononcés en décembre dernier.

Je vais me répéter par rapport à des interventions précédentes, mais c’est normal, vu la cohérence du propos, mais ce PST traduit une ambition commune pour la Ville de Namur, une Ville qui bouge, qui va de l’avant, une ville qui mise sur ses atouts et fait face aux défis de ce siècle en matière de transition écologique, de solidarité et de participation.

Je souhaiterais entamer mon propos de fond sur la transition écologique et les objectifs et actions qui nous sont présentés.

L’urgence climatique est l’enjeu le plus important de notre époque. Il est encore temps de s’y attaquer mais tous les secteurs de la société et tous les niveaux de pouvoir devront produire un effort sans précédent. Si notre génération est la première à subir les conséquences du réchauffement climatique, elle est sans doute aussi la dernière à pouvoir inverser la tendance. Il ne suffit pas de le dire, il faut le définir dans de véritables objectifs, ambitieux et volontaristes, et le traduire ensuite en actions, opérationnelles et impactantes.

Sur base de ces constats, le PST présenté amplifie les efforts déjà entamés par la Ville ces dernières années en matière de transition, de développement durable, de stratégie carbone et de gestion rationnelle des ressources. A l’heure, où certaines villes annoncent des plans face à la question climatique, Namur peut amplifier ses politiques. C’est une différence et un avantage notable.

Il y a d’abord une volonté de méthode collaborative sur ces enjeux à différents chapitres du document : à travers la politique et les budgets participatifs, à travers la concrétisation du port numérique et du NID pour permettre aux citoyens de s’approprier les enjeux et de conconstruire une Ville durable sur des matières fondamentales comme la mobilité, l’environnement ou l’aménagement du territoire.

En matière de transition écologique, je souhaiterais ensuite souligner plusieurs objectifs fondamentaux :

En matière de constat, pour situer la ville sur cet enjeu, l’urgence climatique est textuellement reprise comme enjeu, de même qu’une réflexion autour la vulnérabilité et l’adaptation à cette urgence dans une perspective territoriale.
Pour faire le lien avec la précédente législature, pointons l’évaluation du plan climat énergie 2020 et la rédaction du plan air-climat-énergie. Il s’agit, ni plus ni moins, du cahier des charges transversal pour faire de Namur une Ville qui réduit drastiquement ses émissions de CO2 sur l’ensemble de son territoire (ambition de -40% d’ici 2030), qui gère mieux ses ressources et sa consommation pour y parvenir et qui veut fédérer autour de ses objectifs. En matière de nouvelles ambitions stratégiques sur l’air que nous respirons, notons notamment la création d’une zone de basse émission actuellement à l’étude. De la perspective, de la cohérence, de l’ambition.
En matière de carbone et de biodiversité, la Ville entend répondre à l’urgence climatique par la systématisation de la création d’espaces vers et de lieux favorisant le développement de la biodiversité, en introduisant un coefficient biotope pour les projets immobiliers avec un focus particulier sur le centre-ville. Avec la création, de nouveaux parcs en pleine terre dans le centre-ville et d’un maillage vert sur tout le nord-est de la Corbeille, la Ville, comme elle s’y était engagée, vise un gain environnemental net et durable dans une perspective d’ensemble. C’est le master plan vert pour le centre-ville dont nous serons attentifs à la concrétisation.

Au-delà de ce plan, soulignons encore l’engagement de la Ville à soutenir le développement des plantations, aménagements favorables à la biodiversité, maillage des espaces verts, notamment dans les quartiers en souffrance, par le développement d’une prime, la distribution d’arbres, l’engagement à compenser tout abattage ou la verdurisation des cours d’écoles et des crèches.

Ces différents projets le démontrent : la verdurisation est un enjeu majeur pour Namur. Elle est nécessaire pour améliorer la qualité de vie en ville et elle est bénéfique pour l’environnement, car elle contribue à lutter contre la pollution atmosphérique, la réduction des températures locales en période de canicule ou au renforcement de la biodiversité.

C’est une première, ce PST précise également et décline l’ambition forte de Namur en matière d’alimentation et de développement des circuits courts avec en ligne de mire une stratégie fédératrice et participative pour « nourrir Namur » grâce à ses campagnes. Pour tendre vers cet objectif ambitieux, la Ville est en train d’élaborer des outils stratégiques et de renforcer ses ressources humaines. Mais la création d’une ceinture verte alimentaire, ne passe pas par des décisions pyramidales d’un acteur politique. Celui-ci doit avoir le rôle d’entremetteur, catalyseur de soutiens, de fédération d’acteurs et citoyens, de l’agriculteur au citoyen candidat au maraichage, qui pourront alimenter la stratégie namuroise au sein d’un conseil de la politique alimentaire local. Du producteur aux consommateurs, les habitants au sens large mais également les élèves de nos cantines ou les pensionnaires de nos maisons de repos.
Notons encore sur ces enjeux, des objectifs forts en matière de développement de l’énergie renouvelable, de lutte contre l’étalement urbain, du 0 phyto, de l’isolation et de l’efficacité énergétique des bâtiments, du 0 déchet et de durabilité lors des événements, de la mobilité – où les projets des législatures passées qui continuent à sortir de terre comme le parking relais de Bouge ou le Ravel urbain quasi achevé dans sa phase gare-quai de Meuse à Jambes – des transports publics, de développement d’un réseau de mobilité douce, de l’alimentation durable et du 0 déchet dans les écoles.

Ce n’est pas un catalogue, ce n’est pas le listing d’un échevin ou même d’un parti, c’est un plan d’actions concret et transversal pour faire de Namur une Ville en transition, à la pointe et à la hauteur de l’urgence climatique. A nous, chacun d’entre nous, d’être vigilant et soutenant quant à son application.

Comme je l’ai dit, nous notons que cette dynamique de transition écologique s’appuiera aussi sur une politique participative renforcée que ce soit humainement ou budgétairement avec un budget participatif qui permettra la réalisation de projets pour une enveloppe de 300.000 euros au budget extraordinaire et d’un budget ordinaire de 30.000 euros.

Il ne s’agit là que d’un outil de la politique participative qui se déclinera, comme annoncé, dans les quartiers, avec les acteurs de notre ville, et dans la conception des projets et prise de décisions. Cette participation citoyenne permettra également une plus grande transparence des politiques publiques, une meilleure appropriation par les habitants et une amélioration des projets menés par les pouvoirs publics ou privés.

On notera enfin sur ce volet et en lien avec la cohésion sociale, la volonté de faire participer tous les publics. C’est un préalable essentiel pour toute politique sociale efficace et une politique participative inclusive. Et nous nous en réjouissons.

Concernant la dimension sociale, le PST n’est pas en reste, puisqu’il trace des voies ambitieuses pour lutter contre la pauvreté et encourager le mieux vivre ensemble.

On notera tout d’abord que la question du logement, qui est une dimension essentielle des politiques sociales, occupe une place centrale dans ce plan stratégique. Cet intérêt croissant pour la question du logement est au cœur de la lutte contre la pauvreté, notamment avec le soutien accru au très beau projet Housing First. Par ailleurs, nous notons un travail sur l’augmentation de l’offre de logement, que ce soit à travers la prise en charge de logements inoccupés, la création de nouveaux logements ou le travail sur les nouvelles formes de logement.
Au niveau social, nous pouvons également apprécier les mesures prises en faveur de l’accès aux droits pour les publics précarisés et/ou discriminés. Que ce soit à travers une plus grande accessibilité de l’information et des services, ou par des projets concrets qui visent à renforcer la dignité et le respect de chacun comme par exemple la réflexion autour de l’abri de nuit pour le rendre plus accessible, ou encore la lutte contre les discriminations en matière de logement.
Les autres publics fragilisés comme, par exemple, les personnes en situation de handicap, les aînés ou les personnes ayant des problèmes de santé ne sont pas oubliées non plus avec un appui et un soutien particulier, afin qu’elles puissent être écoutées et intégrées dans les politiques de la Ville.

Solidarité, inclusion, soutien aux familles, dignité mais aussi émancipation… ces objectifs se déclinent également à travers la planification d’objectifs clairs en matière de petite enfance et d’enseignement.

L’accueil de la petite enfance pour chacun, quel que soit son niveau de revenu, est un défi majeur de notre société auquel la Ville entend répondre par différents biais et sans laisser personne au bord du chemin. On parle ici d’actions volontaristes tant au niveau de l’offre que de la qualité de l’accueil existant.
Concernant l’école, matière qui m’est chère, je note une vision complète qui s’intègre dans les objectifs du pacte d’excellence. Une attention aux besoins spécifiques des enfants tout d’abord, une évolution des projets pédagogiques, avec des moyens notamment humains, ensuite une volonté de faire face aux questions de société, allant du harcèlement scolaire au racisme, en combattant toute forme d’exclusion ou de discrimination, et enfin une volonté de réduire les coûts scolaires, un objectif fondamental en matière d’égalité.
Cette problématique se retrouve également dans la question de l’accueil extra-scolaire qui doit s’élargir à l’ensemble des écoles du réseau communal, en alliant qualité de l’accueil et accessibilité financière de chacun.
J’en termine.

Ce PST est ambitieux, largement ambitieux mais comme je l’ai dit en introduction, il ne fait pas mystère sur les difficultés potentielles. Celles-ci ne doivent toutefois pas être un frein à la volonté d’un avenir meilleur, auquel cas l’action politique perdrait de son sens.

Sur le fond, il ne peut y avoir de ville « durable » qui n’est ni inclusive ni solidaire ni participative. Nous constatons à travers ce PST, que Namur se donne les moyens de ses ambitions et se dote d’un cap vert, social, participatif clair qui balisera utilement le travail du Collège et de la majorité ces prochaines années et répondra aux différentes urgences, qu’elles soient sociales ou climatiques.

Merci de votre attention,