Cap important dans la transition énergétique pour la Ville de Namur

Projets de champ photovoltaïque et de production de biomasse : la Ville de Namur s’engage concrètement dans une transition énergétique certaine et nécessaire, au vu des défis climatiques qui s’imposent à toutes et tous. Une production d’énergie renouvelable qui préfigure son Plan Air Climat Energie 2030, auquel le collège vient de donner le top départ.

 

« Comment la Ville prendra-t-elle en compte dans sa politique les recommandations citoyennes du “G50 de l’Énergie” ? ». Cette question soulevée par la Ceinture Energétique Namuroise (CEN) à l’occasion d’une interpellation citoyenne lors du Conseil Communal du 30 mai 2023, tombe à point nommé. Elle intervient en effet au moment où la Ville de Namur affûte ses armes pour limiter et  s’adapter aux effets des changements climatiques.

Pour rappel, la CEN porte le projet du « G50 », dans le cadre du budget participatif de la Ville. Il s’agit d’un groupe de 50 Namurois et Namuroises tirés au sort qui vont débattre et émettre ensemble des recommandations sur la consommation et l’approvisionnement en énergie du territoire namurois. L’échevine Charlotte Mouget en charge de la Transition écologique et solidaire lui a répondu que le Collège accueillerait avec un regard positif les propositions qui émaneront de cette initiative participative.

 

Une haie « biomasse » le long des voiries communales

La Ville de Namur est particulièrement réactive à cette thématique et double ses efforts dans le domaine de l’énergie. De nombreux projets sont menés en ce sens. En matière d’énergies renouvelables, évoquons déjà le projet de plantation de haies à destination de production de biomasse qui alimentera de futures chaudières à plaquettes. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’appel à projet POLLEC 2021 de la Wallonie. Concrètement, après un travail exploratoire mené par le service Air Climat Energie (SACé), le bureau d’étude PhiTech a été chargé d’accompagner la mise en œuvre du projet. Les zones les plus favorables ont été cartographiées.

Dès cet hiver 2023-2024, on passera à la plantation des premiers kilomètres de haies et d’alignements de saules têtards en bords de route, en zone rurale et agricole. L’objectif est de planter plusieurs kilomètres de haies chaque année, là où les terres agricoles sont exposées aux vents, à l’érosion des sols et au phénomène de ruissellement. L’objectif est double : d’une part, renforcer la biodiversité en milieu agricole et offrir abri et couvert à la faune et, d’autre part, créer de l’énergie renouvelable.

 

Photovoltaïque et Communauté d’Énergie

La Ville a identifié un terrain communal, non-agricole, qui semble rencontrer toutes les conditions pour accueillir un site de production d’énergie renouvelable, une opération inédite à Namur. Il s’agit d’un terrain de 3 ha sur lequel, sous réserve de toutes les études ad hoc, il sera possible de produire de l’énergie photovoltaïque suffisante pour la consommation d’environ 700 ménages (2,5 GWhs). Le Collège a d’ores et déjà marqué son accord pour consacrer ce terrain, situé à Salzinnes, à la production d’énergie renouvelable. Le projet est actuellement à l’étude auprès d’un bureau spécialisé. En parallèle, un autre bureau évalue la qualité biologique de la friche industrielle, les impacts de l’installation des panneaux solaires et la possibilité de valoriser une partie du terrain pour la biodiversité afin d’y réaliser un projet intégré en termes de développement durable. Les résultats de ces deux études seront disponibles durant l’été.  Ceux-ci permettront de lancer les procédures de concession dès cet automne !

Avec ce projet, la Ville de Namur voit aussi la perspective de créer la première Communauté d’Énergie Renouvelable (CER) de Namur, permettant de mettre en commun la production des pouvoirs publics et celle des particuliers ou entreprises d’une zone à définir. Une CER fonctionne sur le principe de l’énergie en circuit-court : produire soi-même une énergie garantie et se la partager localement. Une pratique qui permet de produire une énergie locale, renouvelable et à bas prix, de manière à faire baisser les factures énergétiques de celles et ceux qui en bénéficient.

 

Une halle maraîchère autonome dans sa production d’énergie

Au cœur des projets énergétiques de la Ville de Namur, on peut également citer l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits de la future halle maraîchère grâce au subside accordé par la Wallonie dans le cadre de l’appel à projets “Relocaliser l’alimentation”. Ces panneaux photovoltaïques serviront à alimenter les consommations électriques de la halle maraîchère, véritable levier à la transition alimentaire sur le territoire namurois, pour la rendre autonome dans sa consommation d’énergie.

Notons enfin le soutien aux initiatives citoyennes qui émergent sur le territoire comme l’implantation de la première éolienne par la coopérative Eole-Lien à Temploux, dans laquelle la Ville a pris une participation symbolique dans le capital et apporté une garantie d’emprunt. Le projet d’une deuxième éolienne vient d’ailleurs d’être initié par cette même coopérative.

Tant de projets qui participent activement à la réduction des émissions de CO2 et à la résilience énergétique du territoire.

 

Un Plan Air Climat Energie 2030 en cours d’élaboration

 Le 30 mai dernier, sur proposition de Charlotte Mouget, première Échevine en charge de la Transition écologique à Namur, le Collège communal adoptait un dossier particulièrement crucial sur le plan de l’enjeu climatique. Le point portrait à la fois sur :

  • L’évaluation du Plan Climat Energie 2014-2020 de la Ville de Namur, qui contenait 25 mesures afin de réduire les émissions sur le territoire de 20% en 2030 et celles de l’autorité communale de 30% pour la même période.
  • La prise d’acte du plan d’action sur l’adaptabilité du territoire communal aux changements climatiques.
  • Le rapport final et les recommandations formulées par le Panel Citoyen pour le Climat, dans le cadre duquel 30 Namuroises et Namurois ont formulé 114 recommandations à destination des autorités communales à l’issue de neuf ateliers collaboratifs.

 

Ces trois documents essentiels constituent désormais l’ossature sur laquelle le Service Air Climat Energie (SACé), créé en 2021 au sein de l’administration communale, va élaborer le Plan Air Climat Energie 2030 de la Ville de Namur.

Charlotte Mouget, échevine de la Transition écologique : “Au moment où d’aucuns parlent de “pause” ou se lancent dans des distinguos subtils entre priorité à donner à l’adaptation plutôt qu’à l’atténuation des changements climatiques, le Collège namurois s’engage résolument dans la transition en considérant les dimensions de l’adaptation et de l’atténuation comme complémentaires et indissociables. Limiter au plus vite nos émissions et dans le même temps rendre le territoire plus résilient, ce sont les deux faces d’une même médaille !”

Le défi est immense : les Européens et Européennes se sont assignés le double objectif de diminuer de 50% les émissions de GES d’ici 2030 ; et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. C’est le programme “Fit for 55” que chaque Etat-membre doit désormais décliner à sa manière. La Wallonie vient d’ailleurs d’adopter son Plan Air Climat Energie à l’horizon 2030 et la Ville de Namur emboîte désormais le pas.

 

Des documents structurants pour un Plan Air Climat Energie 2030 impactant

Que contiennent les documents adoptés par le Collège communal ce 30 mai ?

1. L’évaluation finale du Plan Climat Energie 2020

À travers ce plan basé sur un inventaire de référence des émissions de CO2 sur le territoire, l’autorité communale s’engageait à réduire ses émissions territoriales et communales de 20 % et 30 %, respectivement par rapport aux valeurs enregistrées en 2006. L’inventaire précité avait permis de mettre en lumière 4 secteurs prioritaires : les transports, les bâtiments résidentiels, les bâtiments tertiaires et les activités communales.

Afin d’atteindre les objectifs précités, et répondre à son adhésion à la Convention des Maires, la Ville décidait de mettre en place 25 mesures suivant trois stratégies distinctes :

  • Mobiliser les acteurs du territoire (citoyens et citoyennes, entreprises, commerces, administrations, écoles, etc.) pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de CO2 sur le territoire d’ici 2020
  • Montrer l’exemple aux acteurs du territoire au travers de ses activités et de la gestion de son patrimoine
  • Communiquer sur la démarche et les actions menées sur le territoire pour susciter l’adhésion au plan et encourager sa mise en application

L’évaluation de ce premier plan laisse apparaître que, si certaines des 25 actions listées à l’époque ont bien été réalisées (exemple : le remplacement de l’éclairage de la Citadelle), d’autres sont encore en phase de réalisation (exemple : la rénovation énergétique de l’Hôtel de Ville), d’autres enfin n’ont pas vu le jour (exemple : rénovation énergétique des logements sociaux).

On peut pointer des écueils de différents ordres :

  • Manque de moyens et de programmation budgétaire
  • Difficultés à décloisonner les services face à des enjeux forcément transversaux
  • Manque d’une “comptabilité carbone” performante permettant de monitorer les progrès réalisés.

Le rapport final préconise donc de lever les freins à la transversalité et de doter le plus rapidement possible l’administration des outils nécessaires à l’évaluation des actions réalisées (dont principalement le cadastre énergétique).

2. Le Plan d’action sur l’adaptabilité du territoire communal face aux changements climatiques

Réalisé par l’Institut de Conseil et d’Etude en Développement durable (ICEDD) en collaboration avec EcoRes et Nature in Progress, au terme d’une mission confiée par la Ville en 2020, ce plan d’action identifie les “vulnérabilités” du territoire namurois aux changements climatiques et déclines en 52 actions les mesures d’adaptation à travers les thématiques et secteurs de vulnérabilité suivants : aménagement du territoire, santé, agriculture, énergie, eau, forêts, biodiversité et tourisme.

En d’autres termes, ce plan constitue la trame de la résilience du territoire et propose de renforcer celle-ci au travers de mesures adaptées au contexte local, qui vont du renforcement de l’autonomie alimentaire à la réduction des aléas d’inondation en passant par la valorisation de l’école du dehors.

Chaque action fait l’objet d’une fiche indiquant :

  • Le ou les services concernés
  • La description de l’enjeu
  • Les temps opératoires
  • Les investissements, les coûts et les sources potentielles de financement
  • Les risques adressés
  • Les populations vulnérables
  • Les indicateurs de suivi de l’action

Il va de soi qu’une grande partie des actions listées fait déjà l’objet d’une mise en œuvre ou d’une programmation, à l’instar de l’ambitieux projet de végétalisation du centre-ville qui démarre à la faveur des chantiers de piétonnisation et de rénovation de l’espace public.

Endossé par le Collège ce 30 mai, le plan “adaptabilité” constitue l’épine dorsale du Plan Air Climat Energie 2030. Le Collège a chargé le Service Air Climat énergie d’en assurer la mise à jour et d’en coordonner l’opérationnalisation en concertation avec les autres services de l’administration.

 

3.    Le Panel Citoyen pour le Climat

Dans le texte de la motion par laquelle la Ville de Namur s’était déclarée « en état d’urgence climatique et environnementale » figurait la consultation d’un panel de citoyen·ne·s et d’expert·e·s pour élaborer des mesures concrètes afin de faire face aux changements climatiques.

En novembre 2021, le Panel Citoyen pour le Climat s’est réuni pour la première fois. Il comprenait 30 Namurois et Namuroises (20 membres effectifs et 10 membres suppléants) tirés au sort parmi 128 volontaires.

Au terme de six mois de travail, les panélistes ont remis 114 recommandations. Les mesures qui seront retenues pourront être intégrées dans le Plan Air Climat Energie 2030 de la Ville de Namur après avoir été analysées et priorisées (en fonction de leur impact climatique et de leur délai de mise en œuvre notamment) par le Service Air Climat Energie.  Une totale transparence sera appliquée quant à la mise en œuvre, ou non, des mesures proposées. Par ailleurs, celles-ci rejoignent très souvent les propositions d’actions et les mesures envisagées par ailleurs, ce qui démontre la réelle convergence entre les idées exprimées par la population et celles qui émanent des cercles d’expert·e·s.

 

La Ville de Namur réaffirme ainsi sa volonté d’amplifier la transition écologique sur son territoire et annonce que son Plan Air Climat Energie 2030 aboutira d’ici la fin de cette année. Plus que jamais, la Ville de Namur a pris le train de la transition écologique en marche.